L’os du dessin, la chair de la laine

Mon support : une toile de bâche robuste que j’imbibe d’encres diverses. Le dessin s’y inscrit : il est ombré, griffé, tatoué à la plume, sorte de carte d’état-major sur laquelle je conduis ma machine brodeuse d ‘où sort la chainette de laine.

Les formes sont contournées, labourées, ramenées chacune d’elles vers son noyau. Chaque virage provoque la levée de plusieurs points, reliefs caractéristiques que la vitesse de la machine provoque. Aussi pour moi broder c’est voyager sur un tissu ! Je suis donc une Pénélope vagabonde qui ne fait pas tapisserie ! Dialogues ou mimétismes s’instaurent ainsi entre deux matières, deux gestes : l’un encré et l’autre ancré en quelque sorte ! Alliance entre l’os du dessin et la chair de la laine, entre la structure et la matière colorée.

Et puis des photos des êtres aimés de l’enfance sont transférées sur la toile, petit mausolée où s’allie le réalisme de ces photos et la folie de ces retrouvailles.
Nombreuses expositions tant en France qu’à l’étranger, Prix de la Vocation, Commandes
publiques (1%). Parallèlement je poursuis une recherche sur différents métiers et les racines
matérielles de leur imaginaire, restitués sous la forme de livres ou d’expositions thématiques: la terre pour les paysans du Larzac, la peau chez les tanneurs et gantiers de Millau... etc

Découvrant ainsi que celui qui travaille une matière est également métamorphosé par elle.

En 2015 publication d’un livre sur mon parcours : Le voyage de Pénélope.